Le Prophète Jérémie

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 Après la mort du roi David, le peuple d’Israël vit dans la prospérité. 

Le roi Salomon fait construire un temple magnifique à Jérusalem... Mais par la suite, le royaume s’est divisé en deux parties : Le Royaume du Nord (ou Royaume d'Israël) avec Samarie comme capitale, et le Royaume du Sud (ou Royaume de Juda) avec Jérusalem comme capitale.

 

À la tête de ces deux royaumes, de nombreux rois vont se succéder, mais beaucoup vont oublier Dieu et être  de mauvais guides pour le peuple.

Des hommes vont alors se lever, appelés par Dieu, pour rappeler sans cesse aux hommes l'Alliance entre l'homme et  Dieu. Ces hommes, ce sont les prophètes. 

 

Les prophètes dérangent souvent parce qu'ils accusent les riches qui exploitent les pauvres ; ils accusent les rois qui profitent de leur pouvoir ; ils accusent les chefs religieux qui oublient Dieu et le prochain ; ils accusent le peuple qui adore les statues, les idoles et se font du mal entre eux.

Au temps de Jérémie, il y a tout le temps des guerres entre les grandes nations (Égypte, Assyrie, Babylonie…).

Les Babyloniens menacent le Royaume de Juda. Pourtant, à Jérusalem, les habitants n'ont pas peur. Pourquoi ? Parce qu’ils pensent être protégés grâce au Temple de Dieu qui est construit dans leur ville.

C’est ainsi que, tout en allant au temple pour prier et louer Dieu, ils se permettent également de voler, de tuer, de tricher, d’exploiter les pauvres, et d’adorer d’autres dieux.

Ils pensent en effet qu’en offrant à Dieu des offrandes et des sacrifices, Dieu les protègerait malgré leurs péchés et leurs infidélités.

Mais Jérémie ne pense pas du tout comme eux.

 

Lisons à présent le texte extrait du livre de Jérémie, 1, 4-10. 

 Dans ce texte le Seigneur dit à Jérémie qu’il le connaissait avant même qu’il ne soit dans le ventre de sa mère, et qu’avant même sa naissance, il l’a consacré (c’est-à-dire qu’il l’a choisi et qu’il l’a réservé pour une mission).

Le Seigneur fait de Jérémie un prophète pour les peuples.

Mais cela fait peur à Jérémie, à peine âgé de vingt ans à l’époque. Il proteste en invoquant le fait qu’il n’est qu’un enfant et qu’il ne sait pas parler.

Comment oserait-il se présenter devant le roi, le peuple, tous ces grands hommes, qui en savent plus que lui, et que leur dirait-il, lui qui ne sait rien ?

Comme vous pouvez le constater, Jérémie essaie de se défiler devant cette grande responsabilité que le Seigneur veut lui confier. 

 

Mais le Seigneur ne va pas le laisser se débrouiller tout seul : Il met ses paroles dans la bouche de Jérémie pour l’appeler à parler et à agir en son nom. Il fait ainsi de Jérémie son prophète.

 

Dans le texte, Dieu parle d’arracher, d’abattre, de démolir et de détruire, mais aussi de bâtir et de planter (verset 10).

Pour mieux comprendre, faisons à nouveau un saut dans l’histoire :

 Sous le règne du roi Josias, le royaume de Juda est sous la domination des Assyriens. Le peuple se met à adorer les dieux assyriens.

Mais lorsqu’ils découvrent le Livre de la Loi dans le temple, le roi Josias se rend compte qu’ils ont désobéi à Dieu en adorant d’autres dieux.

Il impose alors à son peuple de suivre le Livre de la Loi, de suivre le Seigneur et Lui seul. Tout le peuple s’engage dans cette alliance.

Par la suite, en guerre contre l’Égypte, le roi Josias meurt au combat à Meggido en affrontant Neko, le Pharaon d’Égypte. Un de ses fils lui succède au pouvoir.

Malheureusement, celui-ci fait ce qui déplaît à Dieu en entraînant le peuple dans l’adoration de plusieurs dieux. Préférant écouter la voix de faux prophètes qui, loin de dénoncer leurs péchés, les flattent et les encouragent dans leurs mauvaises actions, le peuple refuse d’écouter Jérémie qui les met en garde contre leurs mauvais comportements et les exhorte à changer.

Ses prophéties les agacent. Le roi interdit même à Jérémie de parler dans le temple.

C’est alors que les Babyloniens entrent en guerre contre le royaume de Juda. Jérusalem est détruite, le Temple de Jérusalem est incendié. Le peuple se tourne vers Jérémie en lui demandant d’intercéder (de prier pour eux) auprès de Dieu pour qu’il leur indique ce qu’ils doivent faire.

Jérémie s’exécute, puis il revient vers eux et leur demande d’accepter de se soumettre aux Babyloniens, et de ne pas s’enfuir en Égypte. Mais, pris de panique, le peuple refuse de l’écouter et une grande partie s’enfuit en Égypte en l’emmenant de force avec eux.

Une minorité reste à Jérusalem, d’où elle sera emmenée en exil à Babylone.

Au bout d’une cinquantaine d’années, Cyrus, le roi des Perses, autorise ces exilés juifs de Babylone à rentrer chez eux au Royaume de Juda. De retour à Jérusalem, ils reconstruisent le Temple de Dieu.

Que pouvons-nous retenir de ce récit ? 

Jérémie, qui n'avait pas vingt ans lorsque Dieu l'a appelé à être prophète, se faisait beaucoup de soucis pour son peuple, qui refusait de l'écouter.

On lui a d’ailleurs donné le surnom de « prophète qui pleure » (d'où la fameuse expression "les jérémiades") parce qu'il a pleuré des larmes de tristesse, non seulement parce qu'il savait les malheurs qui allaient s’abattre sur le peuple d’Israël, mais aussi parce que quels que soient ses efforts, le peuple refusait d'écouter.

Il a dû se sentir très seul.

Jérémie a essayé de faire prendre conscience à son peuple leur manque de croyance, de confiance et de foi en Dieu ; ces gens ne craignaient pas Dieu, et en même temps, ils pensaient que Dieu serait toujours de leur côté.

Ils avaient cessé de mettre Dieu au premier plan, et l’avaient remplacé par de faux dieux, des dieux qui n'allaient pas les faire se sentir coupables de péchés.

Et pourtant, Dieu avait délivré son peuple de l'esclavage en Égypte, il avait accompli des miracles devant eux, il avait même divisé les eaux de la mer pour qu'ils puissent la traverser à sec ! Mais en dépit de toutes ces démonstrations de la puissance de Dieu, ils en étaient revenus aux fausses pratiques qu'ils avaient apprises en Égypte.


Le peuple d'Israël s'était tellement embourbé dans le péché qu'il ne croyait plus en Dieu, ni aux prophéties de Jérémie.

Jérémie a prêché plus de 40 ans, et pas une fois il n'a vu le moindre progrès, ni changement, ni adoucissement des cœurs et des esprits de ce peuple qui s'entêtait à adorer d'autres dieux.

Les autres prophètes d'Israël avaient pu, eux au moins, être témoins de quelques succès, même si ceux-ci étaient brefs, mais pas Jérémie. C'était comme s'il parlait à un mur.

Cependant, ses paroles ne seront pas vaines. Son message n’est pas uniquement un message négatif, de répression (arracher, abattre, démolir, détruire). Il contient également une note positive, de promesse de reconstruction (bâtir, planter).

Jérémie s'est vraiment senti découragé, comme c’est le cas de beaucoup de croyants lorsqu'ils sentent que leurs efforts ne semblent faire aucune différence au fil du temps.

Il n’arrêtait pas de se plaindre devant l’entêtement du peuple d’Israël de refuser de changer de comportement. C’est pour lui qu’a été inventé le mot « jérémiades ». Quand on dit à quelqu’un « Arrête tes jérémiades », ça veut dire « Arrête de te plaindre », comme Jérémie à son époque.

Lorsque Jérémie demande au peuple de changer de comportement, personne ne l'écoute. On lui interdit même de parler dans le Temple. 

Lorsque Jérémie demande au peuple de ne pas s’enfuir en Égypte, à nouveau le peuple refuse de l’écouter. Il se fera même jeter dans un cachot.

Pendant la guerre qui les oppose aux Babyloniens, le peuple s’enfuit en Égypte pour échapper à Nabuchodonosor.

Ceux qui restent dans le royaume se font déporter en exil à Babylone. Là-bas pourtant, ils se souviendront de Jérémie... et de Dieu qui veille sur eux.

Donc, on peut dire que les paroles de Jérémie n’étaient pas vaines ; malgré toutes les manifestations d'indifférence, de mépris ou de refus auxquelles elles se sont heurtées, ses paroles se sont accrochées au peuple. Elles ont patienté en attendant des jours plus propices.

Ce que la vie de Jérémie nous enseigne c'est de savoir que, comme tout croyant, même de grands prophètes de Dieu peuvent connaître le rejet, la dépression et le découragement dans leur marche avec le Seigneur. Cela fait partie du développement spirituel normal. 

Cependant, de même que Jérémie l'a découvert lui-même, nous pouvons savoir que la fidélité de Dieu est infinie.

Jérémie s'est vu confier la tâche de transmettre aux gens un message désagréable, qui les condamnait. Cela l’a rendu très inquiet et lui a attiré leur mépris.

Le peuple ne voulait pas entendre ce que Jérémie avait à dire, et cela les agaçait qu'il les avertisse d'un jugement.

Cela demeure vrai du monde actuel. Même si la plupart n'écoute pas, nous devons persévérer dans la proclamation de la vérité de manière à sauver le plus grand nombre.

Ce récit de Jérémie nous parle encore aujourd'hui. Il nous dit qu'il faut semer sans se lasser, sans regarder si la graine germe. Il faut semer avec confiance en gardant toujours sa main dans celle de Dieu. Il faut semer sans jamais se préoccuper de demain.

Le Livre de Jérémie nous apprend aussi que l'on peut recevoir des paroles en superficie, sans les comprendre ou sans se sentir concernés... Ces paroles sont pourtant là, comme cachées dans un petit coin en nous ; elles sauront résonner dans notre esprit en temps voulu.

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